Montagne Saint-Emilion. Il suffit de traverser un cours d’eau nommé la Barbanne pour quitter les parcelles de Saint-Emilion et se retrouver dans les vignes d’Alain & Thomas Rospars. Une frontière presque invisible, entre l’exubérance de l’appellation prestigieuse et l’authentique simplicité de sa petite voisine. D’un coup, les bâtis se font plus rares au profit de la végétation, les parcelles s’agrandissent.

Hors des sentiers battus, c’est un endroit rêvé pour des voyageurs en quête d’originalité et de quiétude, cherchant à s’éloigner du tourisme de masse. Tout en haut du coteau inondé de soleil, la petite propriété bien tenue s’offre le spectacle d’une mer de vignes bordée de forêts. Cet ancien corps de ferme en pierre bordelaise accueille une bâtisse, quelques cuves, un chai d’élevage, un chai de stockage, des hangars pour le matériel. En contrebas, un étang accueille diverses espèces animales et végétales tout au long de l’année : hérons, ragondins et même salamandres viennent s’abriter au creux des roseaux.

Les journées, rythmées par le travail à la vigne ou au chai, ne sont jamais vraiment les mêmes pour les Rospars. Déguster le fruit de leur travail, c’est partager leur univers, leur histoire l’espace d’un instant.

À la fin des années 80, Alain Rospars est un jeune tourneur-fraiseur d’origine bretonne*, père de deux enfants. Lorsque son entreprise met la clé sous la porte, il peine à s’épanouir dans le travail qu’il vient de retrouver.

Sa femme, Nicole, dont les parents exploitaient la vigne dans un corps de ferme à Montagne Saint-Emilion, lui apprend que sa tante souhaite vendre des parcelles de vigne. Alain se lance alors dans l’aventure en reprenant 3,5 hectares en 1989, puis achète de nouvelles vignes en 1995. Autodidacte, il se forme sur le terrain grâce aux conseils de ses voisins viticulteurs.

Thomas grandit au milieu des vignes et s’y sent bien. Il aime conduire le tracteur, observer et prendre soin de la vigne. Contrairement à son frère jumeau qui ne verra jamais naître cette passion, il vient prêter main forte toutes les vacances d’été. Les années passent, puis il se tourne naturellement vers des études pour devenir ingénieur agronome et œnologue. Il exerce différents métiers liés au vin, mais la production lui manque : en 2015, il rejoint Alain et devient à son tour viticulteur.

Les Rospars possèdent aujourd’hui 25 hectares, 3 employés permanents et forment un duo de choc : complémentaires de caractère, Alain se consacre principalement à la vigne, tandis que Thomas gère le chai et la distribution.